Karl lagerfeld- sua última entrevista. Album de fotos inéditas.

Méchanceté
« Je veux bien être gentil, mais je ne veux pas que ça se voie. »
Argent

« Combien j'ai sur mon compte bancaire ? Mais c'est une question de pauvre, ça ! »
Sexe« Cela ne m'a jamais surintéressé. J'ai toujours trouvé que c'était une activité sportive pour les jeunes… Je suis un puritain authentique ! »
Autobiographie« Je vis mes mémoires, je n'ai pas besoin de les écrire. »
Popularité« Je suis un label vivant. Mon nom est Labelfeld, et pas Lagerfeld. »
Look
« Mes lunettes, c'est ma burqa à moi. »
Travail
« Je suis une sorte de nymphomane de la mode qui n'atteint jamais l'orgasme. »
Rondeurs« Personne ne veut voir des femmes rondes dans la mode. »
Maigreur« Le régime est le seul jeu où l'on gagne quand on perd. »
Tatouage
« Je pense que les tatouages sont horribles, c'est comme porter une robe Pucci à vie. »
Business« Je me souviens d'une créatrice qui disait que ses robes n'étaient portées que par des femmes intelligentes. Elle a évidemment fait faillite... »
Mode
« La tendance, c'est le dernier stade avant le ringard. »
Harcèlement« Si vous ne voulez pas qu'on vous tire sur la culotte, ne devenez pas mannequin ! Rejoignez plutôt l'Union des ursulines, il y aura toujours une place pour vous au couvent. »
Héritage
« Je n'ai rien à transmettre, je suis entièrement bidon. »
Luxe« Le luxe, c'est la liberté d'esprit, l'indépendance, bref, le politiquement incorrect. »
Débat
« Je déteste avoir des conversations intellectuelles parce que seule ma propre opinion m'intéresse. »
Cinéma« Je n'ai pas besoin d'être un acteur. Ma vie est déjà une pantomime. »

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Paris Match n°36085 juillet 2018

Karl Lagerfeld : "Je suis immortel"


Interview Elisabeth Lazaroo
Le prix LVMH a été décerné le 6 juin, l'occasion pour le pape de la mode de revenir sur ses débuts, les yeux rivés vers l'avenir. Entretien sans langue de bois, fidèle à ses bonnes manières.

Paris Match. Si je vous dis “vos débuts”…
Karl Lagerfeld. Extraordinaire ! J’ai remporté le premier prix Woolmark en 1954, ex aequo avec Yves Saint Laurent. J’étais toujours à l’école. Pas une école de mode ; je n’y suis jamais allé. Je n’ai même pas passé mon bac, vous voyez un peu ! J’ai reçu un chèque d’un montant correspondant à dix fois le Smic de l’époque !
Qu’en avez-vous fait ?
Je l’ai dépensé en vêtements dès le lendemain.
Lire aussi :Karl Lagerfeld : "Brigitte Macron a les plus belles jambes de Paris"

Dessine-t-on encore les collections le crayon à la main ?
Mes collègues donnent leurs thèmes à des équipes qui savent crayonner. Moi, ça m’emmerde ! Tout ce qui n’est pas fait par moi ne m’intéresse pas. Je n’ai pas envie des robes des autres… Je ne suis pas “directeur artistique”, comme on dit. Je ne signe pas les collections Chanel par un “Karl Lagerfeld pour Chanel”. Je suis simple dessinateur.

Comment fait-on pour rester en tête du peloton ?
Mais, chère Elisabeth, je m’intéresse à ce qui se passe dans le monde ! Je ne me dis pas : “Je suis le meilleur.” Un coup de pied dans le derrière et au boulot ! Expérimenter, c’est ce qui m’amuse. On a tellement évolué techniquement, cela me fascine.
La compétition vous motive-t-elle ?
C’est indispensable. C’est l’adrénaline de la mode. Sinon, c’est chiant. Mais je m’entends très bien avec la génération actuelle.

Je ne me dis pas 'Je suis le meilleur.' Un coup de pied dans le derrière et au boulot !
Joli coup pour Givenchy et Clare Waight Keller qui a créé la robe de mariée de Meghan Markle !
J’adore Clare ! Je l’avais recommandée pour Givenchy. Elle dégage quelque chose de très positif.
L’irrévérence fait-elle partie des clés de la réussite dans la mode ? 
Plus que jamais. Sinon, vous tombez dans la plus ennuyeuse des bourgeoisies.
De nos jours, les créateurs sont facilement éjectables…
C’est de leur faute aussi. Il faut faire preuve de sérieux et se dévouer aux marques pour lesquelles on travaille. On vit dans un enfer de compétitivité commerciale.
Certains vous reprochent d’avoir imposé un calendrier surchargé en créant une multitude de collections : croisière, métiers d’art, Coco Beach, Coco Neige…
Et alors ? Azzedine Alaïa disait que j’avais tué le métier. Le gigantisme des grandes marques fait partie de notre époque. Si les créateurs sont si sensibles, qu’ils fassent leurs petites affaires chez eux. Les collections croisière font un chiffre d’affaires presque aussi important que les collections principales. Vous vous rendez compte ? 30 à 40 kilomètres de tissu ! Ça donne le vertige. Après la “Pausa”, le paquebot au Grand Palais que j’ai fait pour présenter la croisière, j’ai dit à Nicolas Ghesquière et aux autres créateurs : “Ecoutez mes enfants, ça suffit comme ça… Ça fait ringard à mort, on va les appeler ‘Voyage’, maintenant. Les croisières, ce sont ces gros bateaux horribles avec des papys retraités.”
Qu’attendez-vous de la nouvelle génération ?
Bonne continuation, comme on dit. Les références au passé – 1970, 1980 –, j’en ai assez. Le streetwear, même si c’est bien, fera son temps, lui aussi. Le seul critère de jeunesse ne suffit pas, il faut durer dans la mode. Grandir avec elle et ne pas uniquement en profiter. “Trop tôt, trop jeune”, disait Marie-Antoinette quand elle et Louis XVI ont hérité du trône. Il est dangereux de réussir tout trop jeune. Et la drogue, les tentations de ce genre… Il faut être armé d’une bonne santé et d’une volonté de fer. Et travailler !
Les autres créateurs, contrairement à vous, n’émettent pas leurs opinions sur le monde…
Ah bon ? Ils ont tellement peur de ne pas être politiquement corrects, de se faire taper dessus par leur “patron”. Moi, je suis en profession libérale, sans aucune exclusivité pour personne.
Comment expliquez-vous le succès planétaire de la mode ?
C’est amusant, les gens, aujourd’hui, ne sont pas attirés par les trucs culturels et philosophiques très profonds. Avec les réseaux sociaux, on s’exprime dans une compétition visuelle permanente. A quoi d’autre voulez-vous qu’ils s’intéressent ? A la politique ? Aujourd’hui, les jeunes veulent devenir rock star ou styliste !
Qui pour vous succéder, Karl ?
Je suis immortel, la question ne se pose pas.
On n’imagine pas le monde de la mode sans vous !
Tant mieux, cela me maintient jeune et plein d’énergie, ça me plaît beaucoup. De vous à moi, je fais douze collections par an. Je ne vois pas très bien qui pourrait les faire à ma place. Il y en a pourtant plein qui en ont envie… Si un créateur est prêt à en faire autant, qu’il s’accroche, mon coco !
J’aime les silhouettes fluides. Le côté trop sexy, le cul en l’air, non merci !
Et vos Mémoires ?
Non, jamais ! Ma devise : je n’ai rien à dire, je ne fais pas de discours, mais je réponds aux questions. Avez-vous lu l’horrible livre qui est paru sur Pierre Bergé ? La couverture, déjà… vous fuyez. Je l’ai feuilleté et foutu à la poubelle.
Pourquoi cette animosité envers Pierre Bergé ?
Parce qu’il a foutu la merde dans un groupe de très bons amis. Je n’ai jamais été fâché avec Yves, il y avait cette fameuse histoire avec Jacques de Bascher. Je n’y étais pour rien, je n’ai jamais couché avec Jacques. Il pouvait faire ce qu’il voulait. Pierre disait que j’avais tout organisé pour ruiner la maison Saint Laurent. Imbécile, donneur de leçons… Insupportable ! Se prenant pour Malraux. Et sa culture, plus régionale qu’autre chose.
Vous êtes un prix de vertu comme vous dites. Mais, depuis peu, vous buvez tous les jours un verre de grand cru classé A, un saint-émilion Château Cheval-Blanc. 
La piquette, non merci ! C’est mon docteur qui me l’a conseillé. Il y a plein de choses que j’adorais et que je n’aime plus : le Coca-Cola, le saumon parce que j’en ai trop mangé et le caviar. Je ne bois que du Château Cheval-Blanc, du Château d’Yquem et du Château Canon. Je suis à la source des grands vins !
Vous préférez le blanc ou le rouge ?
Le rouge. Sauf le Château d’Yquem. En apéritif avec mes collaborateurs, quelquefois au studio, dans un dé à coudre. Restons dans la couture… Je ne bois jamais seul.
Et comment va Choupette ?
Elle est adorée par le personnel. Les chats détestent être seuls. Jeudi matin, elle m’a fait lever à 6 heures. Elle est allée à son bol, est revenue, s’est assise sur ma poitrine et m’a regardé. Elle avait envie de son déjeuner, mais frais. J’ai servi mademoiselle. Elle est très couture, Choupette.
Au prix LVMH, vous étiez le plus chic. 
Malheureusement… Des créateurs qui créent des vêtements très chers et arrivent en tee-shirt et jeans troués, j’en ai un peu assez.
Quelle silhouette de mode préférez-vous sur la femme ? 
J’ai tendance à aimer celle des années 1920, très fluide, quand le corps est deviné; pas de machin trop étranglé. Je ne suis pas très “freak”. Le côté trop sexy, le cul en l’air, non merci! Savez-vous où j’ai tout appris? Chez Patou. Avec les premières d’atelier et Alphonsine, qui avait 75 ans. Elle avait commencé avant 1900, à 12 ans, comme “lapin de couloir”. Elle était d’une méchanceté rare, mais pas avec moi. Toutes ces dames ont toujours été adorables.
Comment travaillait-on la couture à l’époque chez Patou ? 
Les premières d’atelier avaient un budget, elles achetaient les croquis, faisaient les toiles. Puis les couturiers, comme Gabrielle Chanel ou Jean Patou – c’est Alphonsine qui me l’a dit – s’asseyaient dans le salon avec tous les sublimes tissus français de l’époque: du Rodier, du Bianchini. Monsieur Gabriel, qui m’a tout appris sur les tissus et qui s’occupait des archives, ressemblait à Raimu. Quand je suis parti, ils ont tout jeté, tout! Toutes les cartes de coloris. Un sacrilège! On ne faisait que deux collections de 60 modèles par an. J’avais des belles voitures, je profitais de la vie.
Que pensez-vous des gagnants du prix LVMH cette année ? 
C’est intéressant et très dans la mouvance du streetwear. C’est moins créatif que Marine Serre, en 2017. Je suis fan. Elle est venue nous raconter ce qu’elle a fait depuis, c’était le moment le plus stimulant de tout ce concours. Elle était d’une aisance! Drôle, légère… J’aime beaucoup Christelle Kocher aussi, qui a participé en 2016. Je travaille avec elle, elle est directrice artistique de la maison Lemarié. Elle est mignonne comme tout! Mais Marine Serre, elle, est encore plus diabolique. C’est la volonté incarnée. Nicolas Ghesquière et moi, on s’est battus pour qu’elle gagne l’année dernière. Les autres membres du jury veulent toujours faire gagner les Anglais. Je voulais une Française. C’est étrange, tout le monde parle anglais à ce prix. On est en France, ça me gêne presque… Le français, c’est un luxe, c’est une langue de luxe.
Allez-vous suivre la Coupe du monde ? Aimez-vous le sport ? 
Oui. Mais je n’en suis pas encore à regarder un match dans un canapé. Je suis plutôt Stéphane Plaza. Ah! Ah! Ça m’amuse. C’est comme “Scènes de ménages”, c’est drôle.
Vous devancez l’époque et gardez les fastes d’un autre temps… 
Heureusement qu’il y a des employés de maison. Choupette et moi, on ne sait rien faire. A part ouvrir la porte d’un frigidaire vide. Pas faire un lit, ni repasser. Rien de pratique. Ma mère me disait: “Il faut que tu ne saches rien faire. Ça t’obligera à avoir toujours assez d’argent pour que les autres le fassent pour toi.” En tous les cas, ça donne des emplois.
Vous aimez beaucoup “Le pauvre poète”, une œuvre qui représente un homme seul dans une pièce remplie de livres. Vous dites que c’est comme ça que vous vous voyez. 
Exactement. Pour dessiner, j’aime être pépère, tranquille chez moi. Comme dans ce tableau de Spitzweg. Je suis “artisanal”. Je vis comme un étudiant dans un studio avec des livres, des tables à dessin, un lit archiconfortable et des draps anciens que je collectionne depuis plus de vingt-cinq ans. J’ai dépensé une petite fortune là-dedans. Comme disait ma mère, pour la citer encore, je me lève uniquement pour me recoucher. Vu la beauté de mes draps, j’adore! J’ai le plus beau des trousseaux.
Celui d’une jeune fille à marier. 
Je préfère rester vieille fille !
Vous travaillez habillé d’une robe blanche.
Ce sont des grandes chemises de popeline dans lesquelles je dors et qui finissent comme blouses de travail dans la matinée. Elles sont lavées tous les jours, comme mes draps. J’ai l’obsession de la propreté!
Vous aimez les vaches. C’est curieux. 
J’ai peur des chevaux mais j’adore les vaches. J’ai passé huit ans à la campagne, le monde agricole m’est extrêmement familier. Dès 1935, mon père a acheté ces domaines dans le nord de l’Allemagne car il sentait que la guerre arriverait et qu’il faudrait un lieu où on pourrait vivre en ayant tout ce qu’il faut. Il a eu raison.
Quels sont vos premiers souvenirs de mode ? 
C’était Dior, à Hambourg, en 1949. Nous vivions dans un hôtel. Après la guerre, mes parents faisaient construire une maison, plus près des bureaux de mon père. Il y avait un cinéma et une grande salle qui accueillait des défilés de mode. Je n’avais qu’à descendre. J’ai vu aussi la première collection de Chanel (après guerre) avec une amie de ma mère. Elle l’a trouvée horrible. Comme tout le monde d’ailleurs. Sauf moi. J’étais loin de penser qu’un jour j’y ferais la pluie et le beau temps.
Agradecimentos- Paris Match
Remerciments- Paris Match
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Karl Lagerfeld morreu na manhã desta terça-feira, 19, em Paris, aos 85 anos. O estilista alemão estava internado desde segunda 18 no American Hospital of Paris. Em janeiro, havia dado sinal de problemas de saúde, se ausentando dos desfiles de sua grife na Semana de Moda de Paris, algo inédito. A causa da morte ainda não foi divulgada.
Com uma carreira de 70 anos, Lagerfeld acumulou feitos e inovações no universo da moda que o colocaram acima das próprias marcas que dirigiu. Diretor criativo da parisiense Chanel, um dos mais notáveis postos do universo fashion, foi responsável pela atualização da marca criada por Gabrielle Chanel em 1919.
Graças ao seu gênio criativo, generosidade e intuição excepcionais, Karl Lagerfeld estava à frente de seu tempo, o que contribuiu vastamente para o sucesso da casa ao redor do mundo”, disse Alain Wertheimer, CEO da grife e responsável pela contratação do alemão.
O estilista atuou desde os anos 1980 na Chanel com inédita carta branca, questionando até as decisões de sua fundadora. Gabrielle Chanel não gostava das minissaias na alta moda, ainda assim, o estilista acrescentou as peças aos desfiles, dos quais baniu as peles de animais e imprimiu mais leveza e estampas para alcançar mercados mais jovens. No que foi muito bem-sucedido, contribuindo com a expansão dos negócios da marca.


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